En ce moment, je ne suis pas très actif (c'est le moins qu'on puisse dire !), dans la blogosphère du moins.
C'est que la vie, ça occupe !
Pour vous prouver que j'existe toujours, voici des news :
- 2 projets sont sur le point d'aller toquer aux portes des éditeurs, l'un avec la talentueuse Captain Jelly, l'autre avec l'excellentissime Shina,
- Lydie avance sur notre projet, "les paroles d'Axelle", et j'ai hâte de vous en dire plus ! En attendant, voici un petit bout de quelque chose à vous mettre dans les mirettes :
- de son côté, honorant un contrat, Orély a momentanément mis de côté notre projet, "La véritable histoire de Jean de l'ours", mais reculer, c'est prendre de l'élan, n'est-ce pas ? En attendant, un autre petit bout :
Et puis voilà !
Et comme vous avez été sympa, je vous file un texte en prime. C'est un de mes meilleurs potes, dont le chien est mort tout récemment, qui m'a demandé d'écrire une petite histoire pour sa fille de 7 ans. Alors voilà, le texte s'appelle "Maxou est mort", et ça m'a plus de l'écrire !
Bonne lecture !
à Alix
Maxou est mort
Ce matin, Maxou est mort.
Maxou, c’est mon chien, mais mort, je ne sais pas ce que ça veut dire.
Enfin, je sais quand même ce qu’on a
bien voulu me raconter : mort, ça veut dire qu’il ne reviendra jamais. Je n’ai pas plus de précisions
que ça…
En tout cas, je ne suis pas
d’accord pour qu’il soit mort !
Maman et papa m’ont expliqué, les
yeux pleins de larmes, qu’ils devaient le
faire piquer.
Donc, pour mourir, il faut se faire
piquer. C’est un début.
Mais piquer par quoi ?
Pas par une abeille, ça j’en suis
sûr : papa s’est fait piquer l’été dernier, et il est toujours là.
Pas par un moustique non plus.
Parfois, le docteur me fait des
piqûres, mais il parait que c’est bon pour ma santé...
Peut-être par un serpent
venimeux ? Mais les serpents mordent, ils ne piquent pas.
C’est le vétérinaire qui fait ce
genre de piqûre.
C’est bizarre, je croyais qu’il
soignait les animaux, celui-là !
Au lieu de ça, j’apprends qu’il
leurs fait des piqûres pour qu’ils disparaissent…
Et puis, pourquoi mes parents veulent-ils
faire piquer Maxou ? Il n’a rien fait de mal !
Bon, c’est vrai que, de temps en
temps, il fait des bêtises.
Parfois, il vide la poubelle, vole
un jouet de ma petite sœur pour se faire les dents ou oublie de sortir pour
faire ses besoins.
Mais c’est un vieux chien, on ne peut
pas le punir pour ça !
Et puis, si ça les rend si triste,
pourquoi sont-ils obligés de le faire ?
« C’est pour son bien. »
m’ont-ils répondu.
Alors là, j’abandonne ! Je ne
comprends plus rien du tout…
J’en ai parlé avec mes copines à
l’école.
« Moi, mes parents, ils ont
fait piquer Théodore, mon chat. Je ne l’ai plus jamais vu. » dit Fred.
« Ben moi, c’est mon hamster
Kiki qu’ils ont emmené chez le vétérinaire un jour ; il n’est jamais
revenu non plus. » explique Sarah.
« Mais où passent donc tous
ces animaux ? »
Le mystère s’épaissit et je
commence à m’inquiéter.
« Mon père, moi, il m’a dit
qu’ils en font des croquettes pour chat ! » hurle Thomas.
Lui, c’est vraiment un
monstre !
Je lui crie que ce n’est pas vrai,
que c’est un mensonge, mais il s’enfuit en riant avec ses copains. Ils ont de
la chance que je n’ai pas la piqûre du vétérinaire, sinon je les aurai tous fait
disparaitre !
C’est bizarre, mais, ce matin, Sophie
ne dit rien.
Sophie, c’est ma meilleure amie. Enfin,
ma meilleure amie humaine.
Elle reste dans son coin à nous
écouter.
Pourtant, elle a toujours quelque
chose à raconter, d’habitude !
Quand nous nous retrouvons toutes
les deux chez elle après l’école, elle se met à parler :
« Tu sais, il a de la chance,
Maxou. »
De la chance ! La
mort fait dire aux gens des choses vraiment étranges…
« Ma grand-mère aussi est
morte, tu t’en souviens ? »
J’avais oublié.
« Elle était très malade et
très fatiguée. Alors elle a demandé au docteur de la piquer, mais il a refusé.
Moi, au début, j’étais bien contente, parce que je pouvais la voir et lui
parler encore un peu. Mais à la fin, elle ne parlait plus du tout. Elle dormait
tout le temps, elle mangeait par des tuyaux et c’est une machine qui l’aidait à
respirer. C’était dégoûtant. »
Je veux bien la croire !
Je l’écoute en regardant Grisou,
son chat de gouttière, qui dévore sa gamelle de croquettes. Je ne peux pas
m’empêcher de penser à ce qu’a dit Thomas tout à l’heure.
« Et alors ? » ai-je
demandé à ma meilleure amie humaine.
« Un matin, elle était
morte. »
« Même sans
piqûre ? »
« Même sans piqûre. »
Donc le vétérinaire n’est pas un
tueur de chien. C’est rassurant !
« Et où est-elle
maintenant ? »
« Elle est là. »
Elle me montre alors une boîte dorée
posée sur la cheminée.
Sophie me dit qu’elle a déjà vu sa
maman parler à la boîte comme si c’était mamie qui se tenait devant elle.
Pourtant, ça m’étonnerait que sa
grand-mère tienne là-dedans !
Je lui fais remarquer, et elle me
dit que, pour elle aussi, c’est un mystère…
Je rentre à la maison, plus triste
que jamais, et je m’en prends brusquement à mes parents :
« Pourquoi avez-vous fait
piquer Maxou pour qu’il soit tout mort après ? Vous voulez ouvrir un magasin
de croquettes, c'est ça !? »
Je m’effondre en larmes dans les
bras de maman. Ils font une drôle de tête, tous les deux !
Ils m’expliquent alors que Maxou
était très vieux et très malade.
Tellement malade que le vétérinaire
ne pouvait pas le soigner.
Il était condamné.
En plus, cette maladie lui faisait mal.
C’est pour ça que Maxou ne voulait plus de caresses. Alors, pour le soulager, le
vétérinaire leur a conseillé de le laisser s’en
aller.
C’est très triste, mais c’est mieux
comme ça : on n’allait pas le laisser souffrir.
« Mais il est où maintenant,
Maxou ? »
« Il ne faut pas t’en faire
pour lui : il est au paradis des chiens ! »
« Le parapluie des
chiens ? C’est quoi encore cette invention ? »
« Non, le PA-RA-DIS des
chiens. C’est là que vont les chiens quand ils sont morts. C’est l’endroit rêvé
pour eux ! Ils peuvent manger tous les os qu’ils veulent et déchirer
autant d’oreillers qu’ils le souhaitent ! Personne ne leur dit rien. Et
ils ne sont plus jamais malades. »
« Et est-ce qu’il pense à moi ? »
« Oh oui, il peut même te
voir ! »
« Et moi, je peux le
voir ? »
« Non, malheureusement. Mais dès
que tu penseras à lui, il le saura. »
« Mais… qui lui fait des
caresses ? »
« Les gens qui sont
morts. » me répond papa, après avoir quand même réfléchi un peu à ma
question.
Je sens bien que tout ça est faux, que
ce sont des histoires comme celles que l’on trouve dans les livres et qu’ils me
disent ça pour me faire plaisir, mais je m’en moque : ça me fait du bien
d’imaginer Maxou en train de s’amuser avec les autres chiens. Et ça m’aide à
m’endormir.
Cette nuit, je fais un rêve
étrange : Maxou se promène sur une montagne
d’os à moelle et de baballes. C’est une grosse boîte de conserve dorée avec des
tuyaux à la place des bras et des jambes qui tient la laisse. Ils ont l’air de
bien s’amuser tous les deux ! Maxou s’arrête alors pour boire dans une
flaque d’eau. Il regarde dans le reflet et c’est moi qu’il voit dedans. Il
plonge dans la flaque et se retrouve dans mes bras. Sophie se tient à côté de
moi, sur les genoux de sa mamie. Tout le monde est heureux !
Ce matin, en me levant, je suis
moins triste. Je vais pouvoir annoncer à Sophie que je sais où est sa
grand-mère : au paradis des chiens, en train de faire des caresses à Maxou.
Peut-être que ça lui fera du bien à elle aussi.
FIN